Forte de nombreuses conquêtes sur son vélo de cyclo-cross, Lucinda Brand fait partie des coureuses les plus agiles et puissantes du peloton. Les défis de Paris-Roubaix Femmes avec Zwift lui offrent le cadre idéal pour montrer son talent rare, comme l’a illustré l'édition 2022, à l’issue de laquelle elle accompagnait sur le podium sa partenaire de la Trek-Segafredo Elisa Longo Borghini, un an après le premier triomphe de l’équipe américaine dans l’Enfer du Nord, via Lizzie Deignan. Au moment où les Trek-Segafredo se préparent à défendre leurs succès roubaisiens, Brand fait le point sur ses ambitions personnelles et détaille la recette de son équipe.
Vous avez repris la compétition il y a une semaine. Comment avez-vous opéré la transition après la saison de cyclo-cross ?
Ce n'était pas si compliqué. Après un peu de repos, je me suis concentrée sur le fait d’accumuler des heures sur le vélo, ce qui peut être difficile à faire pendant la saison de cyclo-cross. Et bien sûr, dans les derniers jours avant de reprendre la compétition, j'ai aussi fait des intensités mais le calendrier était serré. Les courses que je fais avant Roubaix font aussi partie de la préparation. Dans une course, on va toujours un peu plus loin dans l’effort donc il était regrettable de ne pas finir Gand-Wevelgem, au-delà du fait qu’une chute n’est jamais agréable, mais il était plus intelligent de ne pas continuer. Dans les premiers instants, j'ai senti que je m'étais cogné la tête donc je ne voulais pas prendre de risques. Heureusement ce n'était pas trop grave. A part quelques douleurs au cou, je vais bien. Ça m’oblige simplement à m'entraîner un peu plus fort !
L’an dernier déjà, vous étiez montée en puissance pour arriver au sommet à Roubaix. Mais vous avez connu un hiver plus difficile, avec des chutes et des maladies. Êtes-vous sur la bonne voie ?
C’était véritablement un hiver différent et j'ai eu l'impression d'en sortir avec un niveau de base inférieur à celui de l'année dernière. Juste avant de reprendre l'entraînement, j'ai aussi été un peu malade, donc la chance n'est vraiment pas de mon côté, mais on va en tirer le meilleur parti. Mon niveau à La Panne a été une bonne surprise. C'était déjà mieux que ce à quoi je m'attendais. Ce n'est pas comme l'an dernier, mais c'est déjà bien et je sais aussi que les choses peuvent tourner très vite...
Comme pour Elisa Longo Borghini l'an dernier. Elle avait des doutes sur sa condition et elle a remporté Roubaix…
Exactement ! Il s'agit d’être patiente. Chaque jour, je me sens un peu plus fraîche, un peu mieux, donc c'est bien. Quoi qu'il en soit, la situation est ce qu'elle est, nous ne pouvons plus la changer, nous allons donc en tirer le meilleur parti. J’ai la chance de pouvoir rouler à l’aise dans le peloton, ce qui permet d’économiser un peu d’énergie. Cela m’aide vraiment, c’est sûr, surtout dans des courses comme Roubaix, et vous pouvez utiliser cette énergie à la fin.
Lizzie Deignan a remporté le premier Paris-Roubaix Femmes avec Zwift pour Trek-Segafredo et Elisa Longo Borghini a terminé 3e. L'année dernière, Elisa a gagné et vous avez fini 3e… Quelle est l'ambition pour 2023 ?
L'ambition est d’essayer de gagner cette course une fois, pour moi, et l'équipe part de toute façon avec l’ambition de gagner à nouveau, bien sûr. C’est un objectif omniprésent dans notre groupe. Tout le monde, également au service course, travaille pour que nous ayons le meilleur équipement, pour être super préparées. Nous connaissons le parcours et nous avons confiance. Des difficultés peuvent toujours survenir, à l’instar de la malchance qu’on a eue sur Gand-Wevelgem, mais je suis vraiment confiante dans notre capacité à viser à nouveau la victoire. Ce ne sera pas facile, ça ne l'est jamais, il y a beaucoup d'autres coureuses fortes… Mais c'est super d'avoir le soutien de l'équipe.
Comment expliquez-vous le succès de Trek-Segafredo à Roubaix ? C’est une question de culture d'équipe ?
Oui, peut-être… Les responsables du matériel travaillent vraiment dur pour que nous ayons la meilleure configuration. Cela nous donne un surplus de confiance. Pour nous, les filles, on bénéficie beaucoup de l'expérience des hommes. A côté de ça, je pense qu'on a des coureuses expérimentées qui ont l'habitude de rouler en peloton et qui savent rouler sur les pavés. Toutes ces pièces s’assemblent. Il y a toujours une belle ambiance dans le groupe, ça donne une bonne énergie. Je ne dis pas que nous n'avons pas cette énergie sur d'autres courses, mais cela nous a donné ce petit plus qui a très bien fonctionné à Roubaix.
Quelle préparation spécifique faites-vous pour Paris-Roubaix Femmes avec Zwift ?
Des tests ont déjà été faits sur les vélos et pour autant que je sache, nous nous en tenons aux réglages de l'année dernière car cela a très bien fonctionné. Quand il y a quelque chose de bien, vous ne le changez pas. Nous ferons une partie du parcours après les Flandres. D'autres années, certaines d'entre nous ont fait des reconnaissances supplémentaires en hiver, mais ce n’est pas le cas cette année. C'est aussi parfois très difficile de s'intégrer dans le calendrier, mais nous le ferons la semaine prochaine, c’est sûr. Avec toutes les classiques, on s'entraîne déjà à rouler sur les pavés… Même si les pavés de Roubaix ne sont pas les mêmes qu'en Belgique, absolument pas ! La forme, la surface, l'espace entre les pavés… La première fois, je pense que tout le monde était choqué mais maintenant on connaît.
Quelles sont les qualités individuelles indispensables à une coureuse pour briller à Roubaix ?
Tout d'abord, il ne faut pas avoir peur. L’entrée dans les premiers secteurs est un énorme combat. L'année dernière, c'était incomparable avec toutes les autres courses. Vous devez faire confiance à vos partenaires et vous avez besoin d'une bonne communication pour rester ensemble. Une fois sur les pavés, il est très important de rester détendue. Si ta tête est froide, ton corps est plus détendu et tu as une meilleure vision d'ensemble pour anticiper. Tes épaules ne sont pas contractées, ton vélo danse sous toi sur les pavés. Ensuite, tu t’assures de faire peser la pression sur les bonnes parties du vélo. Et tu pousses fort !
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